Le dernier communiqué du Gouvernement, triomphalement présenté dans le cadre des Mardis De La Nation, prétend faire le point sur la recrudescence du choléra et les risques d’épidémies post-ouragan. En réalité, il révèle surtout un pouvoir englué dans le déni, prompt à s’autocongratuler pendant que le pays s’enfonce dans une crise sanitaire et humanitaire sans précédent.
Sous le thème lisse de la “santé publique et gestion des urgences après le passage de l’ouragan Melissa”, le Gouvernement vante ses « initiatives » : envoi d’aides d’urgence, opérations de fumigation, campagnes de sensibilisation et de dératisation. Un catalogue de mesures bureaucratiques, récité sans émotion, comme si le simple fait d’en parler suffisait à laver les rues infectées, débloquer l’accès à l’eau potable ou sauver les enfants qui meurent de diarrhée dans les camps insalubres.
Le ministre de la Santé Publique, Dr Sinal Bertrand, a dressé un bilan glaçant : 2 900 cas de choléra depuis janvier, dont 27 morts. Et malgré ce constat alarmant, il parle encore de “détermination” et de “mobilisation des équipes sur le terrain”. Mais où sont ces équipes ? Où sont ces infrastructures censées protéger les plus vulnérables ? Dans les faits, la population n’a ni eau propre, ni soins, ni suivi épidémiologique digne de ce nom.
Le communiqué enchaîne les phrases creuses sur la “transparence”, la “communication publique” et la “réactivité institutionnelle”. Pourtant, il n’explique ni pourquoi les mêmes foyers de choléra réapparaissent chaque année, ni pourquoi les fonds de la santé publique se volatilisent sans résultat visible. Pendant que les ministres font des points de presse, les hôpitaux publics manquent de tout — de savon, de chlore, de médicaments, et même de personnel.
Ironie supplémentaire : alors que le gouvernement se vante de “prévenir le cancer du col de l’utérus”, il est incapable de prévenir une simple contamination hydrique dans la capitale. C’est la chronique d’un État défaillant qui, à chaque catastrophe, recycle les mêmes mots : urgence, engagement, transparence — jamais suivis d’action.
Sous le vernis de ce communiqué officiel, un seul fait demeure : Haïti continue de mourir du choléra, de la misère et de l’incompétence d’un pouvoir plus habile à rédiger des bulletins qu’à sauver des vies. Le Gouvernement parle d’“assainissement”, mais c’est d’abord sa propre crédibilité qui mériterait d’être nettoyée.
Mozard Lombard,
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