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Port-au-Prince, juin 2025 – Tandis que le Conseil présidentiel de transition (CPT) s’enlise dans l’impuissance et le silence, le Groupe des éminentes personnalités (GPE) de la Caricom prend les devants. La semaine dernière, plusieurs figures politiques haïtiennes ont été discrètement consultées par les émissaires de la Caricom. Objectif : préparer le terrain à une reprise des négociations politiques, alors que le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos et que le pouvoir de transition a perdu toute crédibilité.
Le journal Le Nouvelliste a confirmé l’information auprès de plusieurs leaders politiques. Ces derniers admettent à demi-mot ce que tout le monde sait déjà : le CPT est un échec cuisant. Aucun progrès notable en matière de sécurité. Aucune perspective électorale crédible. Aucune légitimité populaire. Juste un conseil de neuf membres absorbé par ses querelles internes et paralysé par l’inertie.
Le verdict tombe : le CPT a failli
Pour André Michel, chef de file du regroupement « 21 décembre », la relance du dialogue politique est désormais inévitable. « C’est bien le GPE qui va diriger les discussions. Il faut un diagnostic sérieux de l’échec du CPT et une refondation urgente avec le soutien de la communauté internationale », a-t-il déclaré.
Son propos traduit l’aveu d’une gouvernance à bout de souffle, incapable de poser les premiers jalons d’un retour à l’ordre constitutionnel. Le dialogue politique, étouffé depuis des mois, refait surface sous la pression croissante d’acteurs lassés d’un pouvoir de transition déconnecté de la réalité.
Le malaise international est palpable
Claude Joseph, chef du parti EDE, l’affirme sans détour : « Il y a un profond malaise dans les chancelleries. Le CPT n’a produit aucun résultat. La communauté internationale commence à s’impatienter. » Selon lui, les partenaires étrangers cherchent désormais des interlocuteurs fiables, capables de remettre Haïti sur les rails. Son message est sans équivoque : le temps des illusions est révolu.
Jean André Victor, du Collectif du 30 janvier, contacté lui aussi par le GPE, confirme que rien n’est encore formalisé, mais que les discussions sont bel et bien envisagées. « Ils explorent encore les options. Ce sera possible ou pas, selon les réactions des acteurs », a-t-il indiqué.
La société civile n’est pas écartée : Me Gédéon Jean, du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), a été consulté, tout comme des représentants du parti Fanmi Lavalas, selon une source bien informée.
Un faux départ collectif
Le CPT, né dans l’ambiguïté de l’accord du 3 avril 2024, n’a jamais réussi à imposer un cap ni à inspirer confiance. Son incapacité à restaurer la sécurité ou à initier un véritable processus électoral relève non plus d’un simple retard, mais d’une trahison de l’espoir collectif.
Les consultations de la Caricom sonnent comme un désaveu brutal mais salutaire. La relance du dialogue national n’est plus une option politique : c’est une urgence vitale.
Une transition en état de mort clinique
À huit mois du 7 février 2026, le scénario d’un effondrement sans transition devient crédible. Le pays n’a plus le luxe d’attendre. Il faut un sursaut. Le peuple haïtien n’a pas voté pour cette crise, et pourtant, c’est lui qui en paie chaque jour le prix — en sang, en larmes et en silence.
La Caricom consulte. Les acteurs répondent. Le CPT, lui, chancelle. Jusqu’à quand laissera-t-on un conseil impuissant décider du sort de onze millions d’Haïtiens ?
Rédaction : Zantray News