« Boukante Lapawòl » défend sa liberté d’expression face aux accusations du CONATEL

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Dans une lettre ouverte datée du 24 novembre 2024, l’équipe de l’émission Boukante Lapawòl, diffusée sur Radio Méga (103.7 FM), a répondu avec fermeté aux accusations formulées par le CONATEL, qui exigeait sa suspension immédiate sous peine de retrait de licence pour la station. Cette décision, jugée arbitraire et politique, a suscité une large controverse, notamment en raison de son impact potentiel sur la liberté de la presse en Haïti.

Une défense des principes journalistiques

L’équipe de Boukante Lapawòl a catégoriquement réfuté les allégations selon lesquelles l’émission aurait diffusé des messages de haine ou de terreur. Dans sa lettre adressée au directeur général du CONATEL, José Jean-Baptiste, elle rappelle que ses entrevues, même celles menées avec des chefs de gangs, ont toujours respecté les normes déontologiques du journalisme.

« À aucun moment Boukante Lapawòl n’a consacré son espace à la diffusion de messages de haine ou de terreur, comme vous avez voulu le faire croire », affirme la lettre. L’animateur principal, Guerrier Henry, est décrit comme un professionnel rigoureux, attaché à la vérification des faits et au respect de son auditoire.

L’accusation de partialité du pouvoir

L’émission dénonce une politique de « deux poids, deux mesures », soulignant que des journalistes internationaux ont également interviewé des chefs de gangs sans susciter de réactions similaires des autorités. L’équipe estime que la décision du CONATEL est motivée par une volonté de réduire au silence une voix critique à l’égard du pouvoir.

« Si ce sont les dénonciations de crimes ou de malversations faites par des chefs de gangs contre certains dignitaires qui dérangent, ceux qui se sentent concernés pouvaient solliciter un droit de réponse », souligne la lettre.

Un bilan sans reproche en sept ans d’existence

Depuis plus de sept ans, Boukante Lapawòl s’est imposée comme une tribune essentielle pour les citoyens haïtiens, offrant une plateforme d’expression libre et traitant de sujets cruciaux pour la société. En dépit de son ton parfois critique, l’émission n’a jamais fait l’objet de poursuites pour diffamation ni de rappels à l’ordre pour non-respect des normes légales.

L’équipe rappelle que la liberté d’expression est un droit fondamental garanti par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et les articles 28 et 28-1 de la Constitution haïtienne. La tentative de suspension de l’émission constitue, selon elle, une violation de ces droits fondamentaux.

Un appel à l’action et un engagement renouvelé

Dans un message empreint de défi et d’espoir, Boukante Lapawòl exhorte le CONATEL à concentrer ses efforts sur la lutte contre l’insécurité en s’associant à la Police nationale et aux Forces armées d’Haïti pour neutraliser les gangs armés et restaurer la paix dans le pays.

« Le rôle du CONATEL devrait être de soutenir la lutte contre l’insécurité plutôt que de s’en prendre à une émission qui informe et défend les droits des citoyens », affirme l’équipe.

Malgré les pressions, l’émission promet à ses millions d’auditeurs, en Haïti comme à l’étranger, de continuer à offrir une tribune où s’exprimer librement. « Boukante Lapawòl ne cèdera pas à la pression et continuera à œuvrer dans le respect des lois et des principes démocratiques », assure l’équipe.

Une menace pour la liberté de la presse

La rédaction de Zantray News a également dénoncé cette suspension comme une attaque grave contre la liberté de la presse. Selon elle, cette décision crée un précédent dangereux, menaçant toutes les voix indépendantes comme Matin Débat, Haïti Débat, ou encore Matin Caraïbe, et ouvrant la voie à un climat de répression systématique.

« 2024 ne doit en aucun cas ressembler à 2004 », avertit la rédaction, qui appelle à une mobilisation collective pour défendre le droit fondamental à l’information et résister à toute tentative de museler les médias.

Ce bras de fer entre Boukante Lapawòl et le CONATEL s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes en Haïti, où la liberté d’expression reste une valeur essentielle mais constamment menacée.

Rédaction: Zantray News

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