Bannissement d’Haïti: Où est passé l’Ambassadeur-lobbyiste Lionel Delatour ?

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Port-au-Prince, juin 2025 — Le couperet est impitoyablement tombé sur la tête d’Haïti qui était déjà cassée par l’insécurité et la misère. L’administration américaine a officiellement interdit, à de rares exceptions près, les Haïtiens de fouler son immense et riche territoire. Il s’agit là d’une sanction diplomatique lourde de conséquences pour un pays confronté à une crise politique et humanitaire sans précédent. Et pendant que le monde s’interroge sur l’acharnement punitif et haineux du nouveau Président américain sur Haïti, les Haïtiens, eux, doivent poser une question simple mais urgente : où est passé notre ambassadeur à Washington, Lionel Delatour ?

Nommé en raison de ses liens supposés dans les cercles d’influence de la capitale fédérale, Lionel Delatour était censé incarner une diplomatie active et efficace, capable de repositionner favorablement Haïti dans les radars des décideurs américains. Or, aujourd’hui, Haïti se retrouve sur une liste rouge sans qu’aucune voix ne s’élève, sans qu’aucun signal de riposte diplomatique d’envergure ne soit envoyé.

Un silence qui interroge

Pendant que l’Égypte, pourtant éclaboussée par un attentat sanglant commis récemment par l’un de ses ressortissants sur le sol américain, n’apparaît même pas sur la liste des pays visés par la nouvelle mesure du Président Trump, et que Cuba, indexé comme État soutenant le terrorisme, n’écope que d’une interdiction partielle, Haïti est bannie sans ménagement. Que font donc nos représentants à Washington ? Ont-ils tenté d’infléchir la position américaine annoncée depuis environ trois mois? Ont-ils mené des actions de plaidoyer auprès du Département d’État ou du Congrès pour éviter ce malheureux sort à notre pays? Ont-ils mobilisé les acteurs influents de la diaspora ? Rien ne transparaît.

On ne nomme pas un ambassadeur pour qu’il se contente de faire de la figuration dans les dîners officiels et les sommets diplomatiques où on ne fait que discourir, comme cela s’est récemment passé à l’OEA en présence d’un petit et corrompu conseiller présidentiel. On attend de lui qu’il soit le défenseur acharné des intérêts nationaux, en particulier lorsqu’ils sont frontalement attaqués.

L’échec d’une diplomatie sans boussole

L’ambassade d’Haïti à Washington semble naviguer à vue, fonctionner en autarcie, sans orientation, sans stratégie claire, sans feuille de route. Aucune déclaration officielle n’a été faite. Aucun message sur les réseaux sociaux, aucun point de presse. Elle n’a même pas essayé de mobiliser les États de la région latino-américaine et de la sous-région Caribéenne, en vue d’avoir leur soutien. En fait, pendant que d’autres pays plaident, négocient, contournent stratégiquement, Haïti subit en silence, sinon se contente de gemir comme un animal blessé.

Cette inertie est d’autant plus incompréhensible qu’elle s’inscrit dans un contexte de grave crise nationale. L’image d’Haïti à l’international n’a jamais été aussi fragile. Et pourtant, notre représentation diplomatique aux États-Unis — capitale mondiale de la décision politique — reste muette.

Un appel à la responsabilité

Il faut en finir avec cette culture de l’oisiveté diplomatique. Le peuple haïtien mérite de savoir ce que font leurs ambassadeurs, plus particulièrement ce que fait Lionel Delatour à Washington, une ville qu’il connaît comme le fond de sa poche pour y avoir exercé la rentable profession de lobbyiste. Aussi, les citoyens haïtiens doivent savoir ce que fait le Ministère des Affaires étrangères pour défendre effectivement les droits des citoyens haïtiens en situation de vulnérabilité à l’étranger. Car cette décision américaine impacte directement les familles haïtiennes, les étudiants, les travailleurs, les malades, en somme toute une population abandonnée sans défense sur la scène internationale. La Note fade, résignée, minable ou plus précisément lache du MAE sur la mesure d’interdiction de territoire du Président Trump témoigne clairement que personne ne protège les Haïtiens vivant ou voyageant à l’étranger.

À quand une diplomatie axée sur les résultats ? À quand la nomination de diplomates capables de se lever, de parler, d’agir, de défendre les intérêts de leur pays? Qui parle pour Haïti à Washington ? Et surtout, est-ce que quelqu’un au pouvoir parle encore ?

Rédaction : Zantray News

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