Ce mardi, la Primature a accueilli la 26ᵉ édition des Mardis de la Nation, une tribune désormais bien rodée où le Gouvernement vante ses efforts en matière de politiques publiques. Cette fois, le thème de l’assistance sociale était à l’honneur, avec comme invité principal M. Serge Gabriel Colin, Directeur général du Fonds d’Assistance Économique et Sociale (FAES). Mais au-delà des chiffres et des bonnes intentions, le programme présenté soulève plus de questions qu’il n’en résout.
Le Gouvernement, sous la direction du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, annonce un programme d’accompagnement social ambitieux, articulé autour de trois catégories de bénéficiaires : parents, ménages vulnérables et ouvriers. Si, sur le papier, l’initiative semble louable, sa mise en œuvre soulève déjà de nombreuses interrogations.
Des transferts numériques pour masquer l’absence de politique structurelle ?
Les 50 000 parents identifiés via le SIGE du Ministère de l’Éducation Nationale (MENFP) reçoivent une aide pour la rentrée scolaire. Mais de quelle ampleur s’agit-il ? Le communiqué reste muet sur les montants, tandis que le coût réel d’une rentrée pour une famille dépasse largement les aides ponctuelles.
Même flou du côté des 55 000 ménages vulnérables, censés percevoir une allocation de 15 000 gourdes (environ 115 USD). Ce montant, bien que non négligeable, ne représente qu’un soulagement temporaire dans un contexte où l’inflation galopante, l’insécurité persistante et l’accès restreint aux services de base rendent la vie quotidienne intenable pour des milliers de familles.
Des promesses sans transparence
On note également le versement promis de 15 000 gourdes à 35 000 ouvriers, prévu pour le 27 octobre. Là encore, peu d’informations sur les critères de sélection, les secteurs concernés ou le suivi à long terme de cette aide. À quoi bon injecter de l’argent si aucune mesure structurelle ne vient garantir la stabilité des revenus, l’amélioration des conditions de travail ou la protection sociale ?
Une manœuvre politique ?
En pleine année académique et à l’approche d’échéances politiques sensibles, difficile de ne pas voir dans cette opération une tentative de reconquête de l’opinion publique. L’utilisation de plateformes numériques telles que MonCash et NatCash peut donner une image moderne et efficace, mais l’essentiel reste ailleurs : quelle est la finalité de ces aides ? Servir la population ou renforcer une image gouvernementale en quête de légitimité ?
Conclusion
La solidarité nationale ne peut se résumer à des transferts ponctuels. Elle exige des politiques cohérentes, durables et transparentes. À l’issue de cette 26ᵉ édition des Mardis de la Nation, le Gouvernement affiche sa volonté d’agir. Mais entre l’effet d’annonce et la réalité du terrain, l’écart reste béant.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com