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La scène a de quoi surprendre, voire choquer une partie de l’opinion publique. Ce mercredi, l’ancien Premier ministre par intérim Claude Joseph s’est présenté à la Cour d’appel de Port-au-Prince, suite à une convocation dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse.
Visage fermé mais déterminé, le chef du parti EDE a réaffirmé devant la presse sa volonté de coopérer pleinement avec la justice haïtienne. “C’est un devoir envers la mémoire du président Moïse”, a-t-il déclaré, rappelant qu’il a toujours été transparent depuis le début de cette affaire.
Mais au-delà de sa comparution, une question dérangeante s’impose : pourquoi la justice semble-t-elle concentrer ses efforts sur les anciens collaborateurs et proches de Jovenel Moïse, alors que les véritables ennemis politiques de l’ancien chef de l’État restent étonnamment à l’écart des investigations ?
Le paradoxe d’une enquête orientée
Jovenel Moïse a été assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, à son domicile, par un commando de mercenaires colombiens. Sa veuve, Martine Moïse, qui a survécu à l’attaque, ne s’est pas présentée à une récente convocation du juge instructeur Walter Wesser Voltaire. Elle aussi est aujourd’hui inculpée, tout comme Claude Joseph, Léon Charles (ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti) et d’autres figures proches du défunt président.
Face à cette situation, Claude Joseph ne cache plus son indignation. Il dénonce “l’ordonnance de la honte”, pointant du doigt ce qu’il considère comme une tentative évidente de politisation de l’enquête. Selon lui, la justice s’acharne sur ceux qui ont accompagné et soutenu le président Moïse, au lieu de se tourner vers ceux qui, par leurs discours et leurs actions politiques, avaient publiquement exprimé leur hostilité envers lui.
Une justice à géométrie variable ?
Le paradoxe saute aux yeux : les acteurs les plus bruyants de l’opposition d’alors, certains ayant même appelé ouvertement à la démission de Jovenel Moïse dans les mois précédant son assassinat, ne sont à aucun moment inquiétés, ni convoqués. Pendant ce temps, ceux qui ont servi l’ancien président jusqu’à ses derniers instants sont aujourd’hui sur le banc des accusés.
Surtout, il y a des doutes qui crèvent les yeux sur l’orientation de cette procédure, que plusieurs observateurs qualifient de biaisée, voire instrumentalisée pour cacher les vrais criminels. Pour beaucoup, il devient de plus en plus évident que certaines pistes essentielles sont volontairement négligées.
Entre devoir de justice et soupçons de manipulation
Claude Joseph, tout en réitérant son innocence, appelle à une enquête impartiale, rigoureuse et respectueuse des droits de chacun. Il demande que tous les acteurs liés de près ou de loin à cette affaire soient entendus, sans discrimination ni calcul politique.
Alors que l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse se poursuit, les décisions judiciaires continuent de susciter interrogations et controverses. Surtout, il y a des doutes qui crèvent les yeux sur l’orientation de cette procédure, que certains estiment calibrée pour écarter les vrais criminels et détourner l’attention de pistes essentielles. Entre accusations de politisation et revendications d’innocence, le dossier reste l’un des plus sensibles de l’histoire politique récente d’Haïti. Reste à savoir si la justice saura, malgré ces zones d’ombre, aller jusqu’au bout de sa mission : faire la lumière, sans calcul ni complaisance.
Rédaction : Zantray News