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Il y a deux semaines à peine, un rapport accablant de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) frappait comme un coup de tonnerre le paysage politico-administratif haïtien. Rendu public sans notification préalable, ce document mettait directement en cause Stéphane Vincent, ancien directeur de la Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE), pour des faits présumés de détournement de plusieurs millions de gourdes de fonds publics.
Selon l’enquête de l’ULCC, des montants importants se seraient évaporés à travers un système opaque couvrant les centres administratifs de Delmas, Tabarre, Pétion-Ville et le siège central de Lalue. Des irrégularités comptables, des dépenses non justifiées, des versements sans bordereaux officiels et une fraude organisée autour de la gestion des passeports ont été relevés. Le nom de Stéphane Vincent, autrefois perçu comme un espoir du parti En Avant, s’est ainsi retrouvé au centre de ce scandale d’État.
Mais alors que l’opinion publique s’enflamme, la défense contre-attaque. Me Guerby Blaise, avocat de Vincent, est officiellement intervenu par correspondance auprès du Commissaire du Gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince pour dénoncer une violation flagrante des droits de la défense. Il affirme que son client n’a reçu ni notification préalable, ni convocation formelle avant la transmission du rapport à la justice — un procédé inacceptable, selon lui.
Dura lex, sed lex
« Toute personne accusée d’une infraction pénale a droit, en pleine égalité, aux garanties fondamentales », rappelle Me Blaise, en citant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention américaine relative aux droits de l’homme. Il exige que les charges retenues soient officiellement communiquées à la défense avant toute saisine du cabinet d’instruction, conformément aux textes internationaux en vigueur.
Un avocat redouté dans les affaires sensibles
Me Guerby Blaise n’est pas un inconnu dans les dossiers à haute tension. Sa réputation d’homme rigoureux, habile et stratégique le précède. Il s’est récemment illustré dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC), en assurant la défense de plusieurs conseillers présidentiels indexés pour corruption. Grâce à ses interventions, ces derniers ont été provisoirement blanchis par la justice. Une performance qui soulève aujourd’hui une question essentielle : parviendra-t-il à laver Stéphane Vincent de toute implication dans cette affaire ?
Quand la justice est mise à l’épreuve
Mais cette affaire ne se limite pas à un simple rapport. Elle devient un test décisif pour l’indépendance et la crédibilité du système judiciaire haïtien. D’un côté, une montagne d’allégations. De l’autre, un avocat chevronné qui exige le respect strict des droits de la défense. Entre soupçon et présomption d’innocence, entre pression populaire et rigueur procédurale, la justice est sommée de prouver qu’elle ne rend pas ses décisions dans le tumulte des réseaux sociaux.
Me Blaise a annoncé que d’autres pièces viendront étayer la défense de son client. En attendant, il prévient : « Il n’y a pas de justice dans les tribunaux de la rumeur. » La question demeure : la procédure suivra-t-elle la loi… ou le vent de l’indignation publique ?
Rédaction : Zantray News