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Port-au-Prince, 12 décembre 2024 – La diplomatie haïtienne, souvent critiquée pour son manque de vision et ses actions éphémères, traverse un moment charnière. Confronté à des crises multiples, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, Haïti doit entreprendre une réforme profonde et stratégique pour restaurer sa crédibilité et son efficacité sur la scène internationale.
Une diplomatie en quête de substance
Trop souvent, la diplomatie haïtienne s’est limitée à des actions de façade, marquées par des slogans creux et des initiatives spectaculaires sans lendemain. Ces actions, qualifiées localement de « ti dife pay mayi » (feux de paille), témoignent d’un manque de stratégie durable. Résultat : une incapacité à défendre efficacement les intérêts du peuple haïtien et à produire des bénéfices concrets pour le pays.
« Aujourd’hui, personne ne peut dire clairement quelle est la doctrine diplomatique d’Haïti », déplore Abel Descollines, ancien député de Mirebalais et observateur averti des affaires internationales. Faut-il revenir à une tradition bicentenaire ou repenser entièrement nos stratégies à la lumière des bouleversements géopolitiques ? Cette ambiguïté freine l’efficacité des représentants haïtiens et ternit l’image du pays.
Une réforme nécessaire et inclusive
Pour sortir de cette impasse, plusieurs voix appellent à une réforme ambitieuse et fondée sur une vision collective. Cette refonte doit aller bien au-delà des simples réorganisations administratives ou des changements de personnel dictés par des intérêts partisans.
« Ce dont nous avons besoin, c’est d’une diplomatie tournée vers le long terme, qui privilégie la négociation plutôt que les effets d’annonce », insiste Descollines. Une réforme cohérente doit s’appuyer sur un projet national clair, capable de traduire les aspirations populaires en politiques étrangères concrètes.
Vers une diplomatie de mission
Un changement de paradigme s’impose : passer d’une diplomatie de représentation, axée sur les symboles, à une diplomatie de mission, orientée vers des résultats mesurables. Pour y parvenir, il est indispensable de renforcer la formation des diplomates et de leur fournir des directives claires.
« Les diplomates haïtiens ne peuvent réussir sans une chancellerie fonctionnelle qui leur donne des orientations précises », rappelle un expert en relations internationales basé à Port-au-Prince. La restauration d’une hiérarchie respectée et la dotation de chaque ambassade ou consulat de moyens stratégiques sont également essentielles.
Se repositionner dans un monde en mutation
Le contexte international exige de Haïti des choix éclairés et stratégiques. Les réalités géopolitiques actuelles, marquées par des rivalités économiques et politiques croissantes, imposent de sélectionner ses alliances avec discernement. L’époque où les décisions étaient dictées par des intérêts historiques ou des illusions du passé est révolue.
« Ce n’est pas parce que nous avons été la première République noire que les autres nations se sentent redevables envers nous », souligne un analyste. Aujourd’hui, l’influence sur la scène internationale repose sur la capacité à innover, coopérer et s’adapter. Haïti doit se tourner vers des partenariats stratégiques et maximiser les opportunités offertes par son environnement régional.
Une transformation qui demande du courage
Transformer la diplomatie haïtienne nécessitera une volonté politique forte et une mobilisation nationale. Le pays doit se doter d’une stratégie audacieuse mais réaliste, fondée sur des objectifs clairs. Cette réforme est non seulement essentielle pour l’image d’Haïti, mais également cruciale pour son développement à long terme.
L’importance des réalités géopolitiques
Dans ce processus, il est impératif de tenir compte des réalités géopolitiques auxquelles Haïti est confrontée. Les enjeux internationaux imposent des choix stratégiques, notamment concernant la coopération internationale :
À qui devons-nous nous adresser ?
De qui devons-nous nous éloigner ?
Quelle aide devons-nous accepter et laquelle devons-nous refuser ?
« Nous ne pouvons plus nous contenter d’une diplomatie de spectacle », conclut Descollines. « Il est temps de bâtir un nouvel ordre diplomatique, basé sur la cohérence, l’intégrité et une vision partagée. »
Le défi est immense, mais l’occasion est unique : celle de réinventer une diplomatie capable de réellement servir les intérêts d’Haïti et de son peuple.
Rédaction: Zantray News