Le secteur du transport en commun en Haïti : une crise profonde impactant chauffeurs et usagers

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Le secteur du transport en commun en Haïti traverse une crise sans précédent, avec des conséquences dramatiques pour les chauffeurs, les propriétaires de véhicules et les usagers. Selon Bertrand Banatte, représentant de l’Association des propriétaires et chauffeurs haïtiens (APCH) dans le Sud, la situation s’est gravement détériorée ces derniers mois. Les camions reliant les Cayes à Port-au-Prince, qui étaient 112 il y a peu, ne sont désormais plus qu’une dizaine en circulation. Les bus, autrefois 47 sur cette même ligne, ne circulent plus du tout, laissant les chauffeurs et les propriétaires sans revenu.

Les minibus qui assuraient les trajets entre Miragoâne et Petit-Goâve ont également diminué de façon dramatique, passant de 150 à une vingtaine seulement. Cette réduction des véhicules en circulation s’accompagne d’une flambée des prix du transport. Ainsi, pour se rendre dans des villes comme Cayes, Camp-Perrin, Cavaillon, Ducis ou Chantal, les passagers doivent désormais débourser entre 150 et 200 gourdes, contre des tarifs beaucoup plus bas auparavant. Les trajets vers des destinations plus éloignées ont vu leurs prix multipliés par plusieurs facteurs : pour atteindre Les Anglais, il faut désormais payer 1 000 gourdes, tandis que Tiburon est désormais à 1 500 gourdes.

La ligne Cayes-Aquin, autrefois un trajet abordable, coûte désormais 500 gourdes, soit bien plus qu’auparavant. De plus, en raison de l’interruption de la ligne Cayes-Port-au-Prince, les passagers doivent désormais se rendre à Miragoâne à un tarif de 750 gourdes, un prix presque doublé par rapport à la situation antérieure.

Cette crise ne touche pas seulement les usagers, mais également l’économie locale. Le prix des matériaux de construction, par exemple, a explosé. Un sac de ciment, qui était vendu 1 100 gourdes il y a quelques mois, se vend désormais entre 1 700 et 1 750 gourdes. Le transport des matériaux est également devenu un luxe : un camion de sable de 10 roues coûte désormais 30 000 gourdes, tandis qu’une tonne de fer est à 112 500 gourdes. Le prix d’une tôle d’acier pour toiture a également grimpé à 650 gourdes l’unité.

Les chauffeurs et les propriétaires de véhicules sont les premiers à souffrir de cette situation. L’arrêt brutal des lignes et l’augmentation des coûts d’exploitation mettent en péril toute une filière de transport, déjà fragilisée par des années de difficultés économiques et de violences. Si aucune solution n’est trouvée rapidement, le secteur du transport en commun pourrait s’effondrer davantage, laissant de nombreux haïtiens sans alternative pour se déplacer.

Rédaction Zantray News

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