Installé et déjà contesté : La reconduction d’Herwill Gaspard attise la colère des déplacés

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La reconduction d’Herwill Gaspard au poste de ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Solidarité et des Affaires humanitaires a provoqué une onde de choc en Haïti. À un moment où le nombre de déplacés internes atteint des niveaux alarmants, environ 800 000 personnes selon les estimations, cette nomination est perçue comme un affront aux populations les plus vulnérables. Les déplacés, entassés dans des abris de fortune, dénoncent ce choix controversé, qui illustre selon eux l’impunité régnante au sommet de l’État.

Une nomination controversée et un passé trouble

Herwill Gaspard, déjà accusé par le passé de détournements de fonds publics sous le gouvernement Conille, est reconduit à un poste stratégique pour gérer les affaires humanitaires. Lors de son installation en juin 2024, il avait promis de redonner espoir aux marginalisés, déclarant : « Il est temps que les dirigeants étatiques accordent une place de choix aux membres de la population qui, trop longtemps, ont été victimes de discrimination et de marginalisation. »

Sept mois plus tard, la réalité est bien différente. Aucun progrès notable n’a été réalisé pour améliorer les conditions des déplacés internes, et les accusations de corruption continuent d’entacher son parcours. Pire encore, sa nomination a été imposée par le conseiller inculpé et avili Louis Gérald Gilles, connu pour son comportement de brasseur et bluffeur, et impliqué dans la corruption. Ce soutien suscite des interrogations sur les véritables motivations derrière ce choix.

Des fonds détournés, une population trahie

Sous le précédent gouvernement, Gaspard aurait détourné des millions de gourdes destinées à l’aide humanitaire. Ces fonds, essentiels pour les déplacés internes, auraient été utilisés à des fins personnelles ou redistribués dans un réseau opaque de complicités. Dans les camps de déplacés, la colère gronde.

« Nous mourons de faim pendant que ces hommes volent notre argent. Qu’a-t-il fait pour mériter une telle promotion ? » déclare une femme vivant dans un abri de fortune. Ces témoignages reflètent un sentiment d’indignation général face à un système gangrené par la corruption.

Un symbole d’impunité systémique

La reconduction de Gaspard illustre un problème profondément enraciné en Haïti : l’impunité. Malgré les multiples accusations portées contre lui, aucune action judiciaire sérieuse n’a été entreprise. Cette situation nourrit un climat de défiance envers les institutions et aggrave la crise de gouvernance.

Louis Gérald Gilles, qui a joué un rôle clé dans cette nomination, incarne également l’impunité systémique. Connu pour ses pratiques douteuses et son influence en coulisses, il illustre le type de personnalité qui domine les rouages du pouvoir en Haïti. Sa participation active dans ce processus renforce les soupçons d’un arrangement politique visant à protéger les intérêts d’une élite insensible aux souffrances de la population.

Appels à des réformes urgentes

Face à ce scandale, des voix s’élèvent pour exiger des réformes structurelles. Parmi les demandes figurent :

  • La justice pour les déplacés : que Gaspard, Gilles, et leurs complices soient traduits devant les tribunaux.
  • Transparence dans la gestion des fonds publics : mise en place d’audits réguliers et accessibles.
  • Renforcement des mécanismes anticorruption : inspections indépendantes et sanctions sévères.

Un test pour le gouvernement

La reconduction d’Herwill Gaspard est un test décisif pour le gouvernement Fils-Aimé. Ce dernier saura-t-il écouter la colère légitime d’une population meurtrie, ou cédera-t-il une fois de plus à l’immobilisme ? Alors que les déplacés continuent de souffrir, ce scandale pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité et pour une gouvernance plus équitable.

Rédaction : Zantray News

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