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Port-au-Prince, 22 novembre 2024 – La situation actuelle d’Haïti, marquée par une crise multidimensionnelle et un désespoir croissant au sein de la population, illustre un pays plongé dans un chaos entretenu par des décennies de mauvaise gouvernance, de corruption et d’inaction. Dans une analyse percutante, le Dr Emmanuel Ménard dresse un constat sévère sur les élites haïtiennes et les structures de pouvoir qui ont mené à cette débâcle nationale.
Une gestion calamiteuse des ressources publiques
Depuis plusieurs années, les gouvernements successifs en Haïti se sont illustrés par une gestion désastreuse des ressources publiques. Entre budgets inflationnistes et projets mal gérés, les exemples d’abus abondent. Le détournement des fonds alloués à la reconstruction du Grand Sud après le séisme de 2021, l’attribution de contrats de complaisance et l’utilisation abusive de fonds publics pour des missions inutiles ou des services inadaptés sont autant de symptômes d’un État gangréné par la corruption.
Selon les chiffres avancés par le Dr Ménard, les fonds détournés et gaspillés à des fins personnelles ou politiques atteignent des proportions faramineuses, tandis que les conditions de vie de la majorité des Haïtiens continuent de se dégrader. À titre d’exemple, le salaire minimum journalier reste à peine suffisant pour survivre, alors que les membres du Comité de Pilotage Transitoire (CPT) perçoivent des salaires exorbitants.
Une population abandonnée à son sort
La population haïtienne paie le prix de cette gestion chaotique. Avec un taux de chômage de 40 % et 36,6 % des habitants vivant sous le seuil de pauvreté, l’espoir d’un avenir meilleur semble s’éloigner. Les infrastructures de santé et d’éducation sont en ruines, les déplacés internes se comptent par millions, et l’insécurité alimentaire s’aggrave.
Les institutions de l’État, déjà affaiblies, ont cédé le terrain à des groupes armés qui imposent leur loi sur une population désespérée. Ces bandes armées, composées de déportés, d’anciens membres des forces de l’ordre, et de jeunes marginalisés, prospèrent grâce à des réseaux de trafic d’armes transnationaux. Pendant ce temps, les élites politiques et économiques maintiennent un statu quo qui favorise leurs intérêts personnels au détriment de la nation.
Un vide institutionnel alarmant
Depuis 2021, un vide institutionnel croissant a plongé Haïti dans une situation où l’État ne joue plus son rôle de régulateur ni de garant de la sécurité. La Constitution n’est plus qu’un texte symbolique, et les accords signés sous l’égide de la communauté internationale restent lettre morte.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes : une régression économique de 4,2 % en 2024, une inflation à 30 %, et un PIB par habitant dérisoire par rapport à celui de la République Dominicaine. Ces chiffres témoignent d’un pays au bord de l’effondrement, incapable de fournir des opportunités à ses jeunes générations.
L’appel à une réforme révolutionnaire
Pour le Dr Ménard, il est clair que les élites haïtiennes ont échoué. Il souligne que cette crise n’est pas uniquement le résultat de l’intervention étrangère, mais aussi de la démission collective des dirigeants haïtiens, qu’il accuse d’être complices de la destruction du pays.
Face à cette situation, il appelle à une mobilisation nationale pour une réforme révolutionnaire. Cet appel s’adresse particulièrement à la jeunesse, aux paysans, à la diaspora, et aux intellectuels, qu’il invite à se rassembler pour construire une « Nouvelle Haïti » fondée sur l’ordre républicain et la justice sociale.
Une vision pour l’avenir
Le Dr Ménard insiste sur la nécessité de restituer à l’État ses fonctions régaliennes et de remodeler le pouvoir exécutif pour garantir une gouvernance efficace et transparente. Il met également en garde contre les conciliabules politiques et les querelles internes entre partis qui, selon lui, ne feront qu’aggraver la colère et le mécontentement populaire.
Son message est clair : il est temps de rompre avec les pratiques du passé et de bâtir une Haïti où les citoyens peuvent enfin prospérer dans un cadre démocratique et équitable. « Haïti First », conclut-il, dans un cri d’espoir pour un pays qui aspire à un avenir meilleur.
Avec une population lassée des promesses non tenues et une élite divisée, l’avenir d’Haïti repose sur la capacité des acteurs à transcender leurs intérêts personnels pour répondre aux besoins urgents de la nation.
Rédaction : Zantray News