Getting your Trinity Audio player ready...
|
La révocation de la ministre Dominique Dupuy, marque un tournant pour le Ministère des Affaires Étrangères (MAE) d’Haïti. Contrairement à son cher patron Garry Conille, le 16 novembre 2024 elle a assisté, pitoyablement assise dans un coin à l’arrière de la salle, à la cérémonie d’investiture du nouveau Gouvernement dirigé par Alix Didier Fils-Aimé. Immédiatement après, comme s’il y avait urgence en la demeure, elle a procédé à la cérémonie de passation de charges avec son successeur, Jean Harvel Victor Jean-Baptiste.
Elle a alors tenu un discours, comme d’habitude beaucoup plus poétique que technocratique, pour tenter de dresser un bilan positif de son passage à la Chancellerie haïtienne. Toutefois, ses propos se sont surtout apparentés à une tentative de réhabilitation de son image teintée d’opportunisme d’incompétence et de népotisme. Son passage au MAE évoque des réalisations largement perçues comme démagogiques et dénuées de consistance. Loin d’une gestion rigoureuse, la période de Dominique Dupuy a été effectivement marquée par une diplomatie centrée sur des discours lyriques à faire dormir debout, les apparences et les promesses non tenues.
Par ailleurs, de nombreux observateurs soulignent son manque de solidarité avec les autres membres du gouvernement révoqués, ainsi que son individualisme démesuré. Seule à la cérémonie de remise de l’ampliation à la Villa d’Accueil, elle aurait, selon des sources, cherché à susciter à l’admiration pour sa prétendue capacité de dépassement politique et regagner son ancien poste d’ambassadrice à l’UNESCO, ce qui lui permettrait de mener sa campagne pour la présidence d’Haïti, comme elle avait commencé à le faire avec cette anhistorique et démagogique histoire de “Soup joumou”.
Cela montre que malgré son départ rocambolesque et honteux, Dominique Dupuy n’a pas renoncé à ses ambitions présidentielles. Soutenue par un réseau d’influenceurs controversés, elle cherche à mobiliser l’opinion publique en vue des prochaines élections présidentielles. Son espoir repose notamment sur une réforme constitutionnelle pour permettre aux citoyens à double nationalité comme elle de briguer la présidence. Il importe de rappeler que l’ancienne ministre détient un passeport canadien et est le prête-nom de Laurent Lamothe, un patron politico-financier frappé de sanctions internationales.
Or, le bilan des cinq mois de Dominique Dupuy à la tête du MAE reste marqué par le désordre et la corruption. Selon plusieurs ministres et cadres du Gouvernement Conille, elle aurait semé la discorde entre la Primature et le Conseil présidentiel de transition, affaiblissant l’autorité de l’État et plongeant le pays au plus profond de la crise politique. Et ses relations affectueuses et serviles avec l’ancien Premier ministre révoqué Garry Conille n’ont en rien contribué à renforcer la diplomatie haïtienne. Car le MAE sous Dupuy s’est transformé en bastion de flatteurs et de propagandistes, favorisant des nominations partisanes au détriment des professionnels de carrière.
En l’espace de cinq mois, plus d’une centaine de nominations, souvent d’individus sans compétences académiques comme elle et expériences diplomatiques, auraient été effectuées. En interne, au MAE, Dominique Dupuy a créé un poste sur mesure pour un membre de sa famille, un poste de coordonnatrice de cabinet qui aurait supplanté même son directeur de cabinet, le croque-mort Ricarson Dorcé. Selon ce dernier, cette coordonnatrice a été de tous les voyages de la Ministre et a même assisté à la fameuse rencontre entre Garry Conille et le Président du Brésil Lula Da Silva à laquelle le Conseiller Président Leslie Voltaire a été grossièrement interdit de participer. Elle allait avoir raison, car, rapidement, Ricarson Dorcé s’est révélé un chef de cabinet sans envergure, sans discrétion, sans caractère et traînant sa langue alcoolisée partout pour raconter des ragots, même sur sa propre personne.
Les habitudes ont la vie dure. Car, déjà à l’UNESCO, en tant qu’ambassadrice, Dominique Dupuy avait nommé son mari à un poste de consultant fictif avec un salaire de 6 000 euros par mois. Son mari, Jean-Cyril Pressoir, garde encore ce poste actuellement à l’UNESCO. Pourtant, dès son installation à la chancellerie, elle avait sollicité de la Cour des comptes un rapport d’audit dans plusieurs ambassades et consulats d’Haïti à l’étranger. Et, comme par hasard, l’ULCC avait omis de donner suite à un rapport de mauvaise gestion concernant Dominique Dupuy elle-même à l’UNESCO. Il s’agit du rapport Dubic, qui était en charge du contrôle et de l’inspection, à titre d’ambassadeur, de réaliser des enquêtes internes sur le fonctionnement des ambassades et consulats.
Bien entourée de personnalités comme les sanctionnés Laurent Lamothe, Garry Bodeau et Joseph Lambert, elle est vite devenue une figure importante du gouvernement Conille. Elle décidait comme bon lui semblait. Mais, malheureusement, avec son faible niveau académique (Bacc +2), Madame s’est montrée très limitée dans la gestion du ministère. Elle passait son temps à faire des discours lyriques écrits par un grand romancier sous contrat, des déclarations sans fondement, irréfléchies et médiocres.
Dupuy a également exacerbé les tensions avec la République dominicaine, au détriment des intérêts des migrants haïtiens. Plutôt que de négocier des mécanismes de déportation respectueux des droits des Haïtiens, elle a multiplié les discours enflammés, sans résultats concrets pour les étudiants et travailleurs expatriés. Elle s’est même bêtement donnée le satisfecit de la diminution des vagues de déportation des migrants haïtiens, ce qu’avait immédiatement démenti la ministre de l’intérieur dominicaine.
Au final, son passage se résume à des voyages coûteux et à un usage excessif des fonds publics pour sa propagande personnelle. Elle va rester dans la mémoire collective comme la femme « kolokent » qui a créé un conflit monstrueux entre la Primature et le CPT, ce qui a conduit à la révocation de tout le gouvernement. Conille est reparti chez lui aux États-Unis, honteux, humilié, mais la laissant gérer sa petite entreprise hôtelière au Cap-Haïtien. Son mari Jean-Cyril Pressoir, guide touristique de métier, va sans doute perdre son juteux contrat à l’UNESCO et retournera avec elle dans sa ville adoptive pour s’adonner à ce qu’ils savent véritablement faire : gérer un hôtel.
Rédaction : Zantray News