Révocation de Dominique Dupuy : Entre luttes de pouvoir et scandales de corruption

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Ce mardi après-midi, une réunion cruciale s’est tenue entre le Premier ministre Garry Conille et les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), autour d’un sujet épineux : la révocation de la ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Dominique Dupuy. Selon des sources bien informées, bien que cette décision ait été âprement discutée, aucune entente n’a été trouvée à l’issue des échanges. Le Premier ministre Conille se montrerait réticent à l’idée de se séparer du ministre Dupuy.

Le Conseil Présidentiel de Transition, dirigé par Lesly Voltaire, a vu ses membres les plus influents – Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire – se positionner en faveur de cette révocation. Cependant, ces mêmes conseillers sont eux-mêmes éclaboussés par des scandales de corruption. Un rapport accablant de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) les implique dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Malgré ces graves accusations, ils mènent la charge contre Mme Dupuy, une situation qui soulève de nombreuses questions.

Dominique Dupuy : Une ministre controversée

Depuis sa nomination, Dominique Dupuy est plus souvent perçue comme une personnalité active sur les réseaux sociaux que comme une diplomate engagée dans des actions concrètes. Ses multiples apparitions en ligne, ses publications avant ses déplacements officiels, ainsi que les campagnes médiatiques orchestrées autour d’elle, sont régulièrement mises en avant. Il lui est notamment reproché d’avoir détourné les 10 millions de gourdes répartis au renseignement du ministère pour financer sa propre promotion, en payant des médias afin de médiatiser ses activités à l’international. La question fondamentale reste cependant : qu’a réellement fait Dominique Dupuy pour gérer la crise migratoire entre Haïti et la République dominicaine ? Face à l’expulsion massive des Haïtiens, aucune mesure significative n’a été prise. À ce jour, les interventions de la  ministre se limitent principalement à des tweets, relayés par des médias complaisants, souvent accusés d’être rémunérés pour le soutien.

Dans ce contexte, le Conseil Présidentiel de Transition est en droit de convoquer la ministre pour lui demander des comptes sur la gestion de ce dossier crucial. Pourtant, un aspect de cette situation rend l’affaire encore plus complexe.

Les corrompus peuvent-ils juger ?

Il est légitime de s’interroger sur la moralité de ceux qui réclament la révocation de Mme Dupuy. Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, les principaux partisans de son éviction, sont tous accusés de corruption et de détournements de fonds massifs. Le rapport de l’ULCC a recommandé des poursuites pénales contre eux pour leur implication dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit.

Smith Augustin, en particulier, est accusé d’avoir utilisé des fonds publics, lorsqu’il était ambassadeur d’Haïti, pour acheter une maison en République dominicaine à Punta Cana. Comment des individus faisant l’objet de telles accusations peuvent-ils exiger la démission d’une ministre, même si sa gestion est loin d’être irréprochable ? Cette situation met en lumière un problème profond de légitimité au sein du Conseil Présidentiel de Transition.

Entre sympathie et incompétence

Il est indéniable que Dominique Dupuy bénéficie d’une certaine sympathie auprès du public, notamment grâce à son image soignée sur les réseaux sociaux. Pourtant, cette popularité ne doit pas occulter ses manquements en tant que ministre des Affaires étrangères. Son manque d’engagement dans des actions diplomatiques concrètes, sa gestion controversée des fonds publics et son incapacité à répondre aux défis migratoires posent de sérieuses questions sur son aptitude à occuper ce poste.

Toutefois, les accusations portées contre les trois conseillers du CPT impliqués dans le scandale de la BNC ne peuvent être ignorées. La justice doit faire son travail, et ces accusations de détournements massifs de fonds publics doivent être examinées avec rigueur. La question de la révocation de Dominique Dupuy peut être débattue, mais il est problématique que cette demande émane de conseillers eux-mêmes éclaboussés par des affaires criminelles.

Une situation politique délicate

Dans ce contexte, il est clair que le premier ministre Garry Conille se trouve dans une position délicate. Refuser la révocation de Dominique Dupuy risque d’aggraver les tensions au sein du CPT, alors que les accusations de corruption minent déjà sa crédibilité. Accepter cette demande pourrait également apparaître comme une concession à des individus impliqués dans des scandales financiers, ce qui fragiliserait encore plus son gouvernement.

En conclusion, il est nécessaire de mettre de l’ordre à la fois dans la gestion défaillante de Mme Dupuy et dans les agissements des membres corrompus du Conseil Présidentiel de Transition. La justice doit jouer son rôle, et chacun doit être tenu responsable de ses actions, qu’il s’agisse de la  ministre des Affaires étrangères ou des conseillers impliqués dans des affaires de corruption. Haïti mérite une diplomatie digne de son histoire, et cela ne pourra se faire que par une gestion rigoureuse et transparente des affaires publiques.

Rédaction Zantray News

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