Haïti : un État pompier dépassé par la crise

Le pire des États que puisse connaître un pays, c’est un État pompier. Et c’est le cas pour Haïti. Haïti fait face à la fois à une crise socio-politique, économique, humanitaire, sécuritaire et un État pompier.
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Haïti traverse une crise multidimensionnelle — politique, économique, humanitaire et sécuritaire — et l’État est absent dans ses fonctions essentielles. L’expression « État pompier » illustre bien cette réalité : le gouvernement réagit après coup, incapable d’anticiper ou de prévenir les catastrophes qui s’abattent sur le pays. Cette posture réactive met en lumière l’incapacité chronique des autorités à gérer les crises.

Un État pompier, par définition, n’agit qu’en réaction aux événements. Comme un pompier qui n’intervient qu’une fois le feu déclaré, l’État haïtien se contente de répondre aux crises, plutôt que de les prévenir. Mais dans une société en proie à l’insécurité et à la violence, cette approche est tragiquement insuffisante.

Le gouvernement actuel, sous la direction de Garry Conille, illustre cette dérive. Plutôt que de mettre en place des mesures pour sécuriser le pays, il réagit de manière sporadique et inefficace aux exactions des gangs armés. À Gressier, à Ganthier, ou encore lors du massacre de Pont-Sondé, les autorités ont échoué à anticiper les violences qui ensanglantent le pays.

Le massacre de Pont-Sondé, où des membres du gang de Savien ont tué des civils sans défense, est un exemple frappant de cette incapacité. Une semaine avant les faits, les assaillants avaient diffusé des menaces sur les réseaux sociaux. Si ces avertissements étaient accessibles au public, comment se fait-il que les services de renseignements de la Police nationale et du Ministère de l’Intérieur n’aient pas agi à temps ?

Il est urgent pour Haïti de passer d’un État purement réactif à un État capable de prévenir les crises. Cela exige une refonte des services de renseignement, une meilleure coordination entre les forces de sécurité, et une volonté politique de s’attaquer aux racines du problème. Tant que l’État se contentera d’éteindre des feux sans en comprendre les causes, la situation ne fera qu’empirer.

Haïti mérite un gouvernement qui anticipe et qui protège. Passer d’un État pompier à un État proactif est la seule voie pour restaurer la paix et la stabilité dans le pays.

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