Réunis le 23 décembre 2025 à la Primature, le Président du Conseil présidentiel de Transition, Laurent Saint Cyr, et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé ont rencontré les leaders de neuf sites de personnes déplacées internes de Port-au-Prince. Présentée comme une rencontre majeure, cette initiative gouvernementale se résume pourtant, à la lecture du communiqué, à une succession de formules protocolaires et d’autosatisfactions institutionnelles, sans engagement concret clairement identifiable.
Autour de la table, une concentration impressionnante de hauts responsables : ministres, secrétaire d’État, directeur général du FAES. Une telle mobilisation de l’appareil d’État contraste fortement avec la pauvreté des annonces faites à l’issue de la rencontre. Les autorités ont surtout salué, remercié et félicité : engagement des leaders communautaires, résilience de la population, courage et détermination des responsables de sites. Autant de mots convenus qui semblent tenir lieu d’action.
Le directeur général du FAES s’est félicité de l’accompagnement des leaders communautaires dans la mise en œuvre de la politique sociale et humanitaire de l’État, tandis que le Premier ministre a annoncé une « prochaine nomination officielle » de ces mêmes leaders. Une annonce administrative, sans précision ni échéance, qui apparaît bien dérisoire face à la gravité de la situation des personnes déplacées.
Quant à l’engagement réaffirmé du CPT à créer des conditions sécuritaires favorables au retour des PDI dans leurs zones d’origine, il reste formulé au conditionnel et au futur, sans aucun élément permettant d’en mesurer la portée réelle. La mise en avant de la synergie entre le CPT, le Gouvernement et la Police nationale d’Haïti relève davantage de l’affichage politique que de la démonstration de résultats.
En définitive, ce communiqué donne l’image d’un pouvoir plus soucieux de multiplier les déclarations rassurantes que de rendre compte d’actions tangibles. À force de saluer la résilience des populations déplacées, les autorités semblent surtout reconnaître, sans jamais l’assumer, l’incapacité persistante de l’État à leur garantir concrètement la « vie digne » qu’il affirme vouloir assurer.
Mozard Lombard,
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