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Haïti – Justice : Magalie Habitant, Victor Prophane et Elionor Devallon renvoyés devant le tribunal criminel

Le juge d’instruction Benjamin Félisme a finalisé, le 9 décembre, son ordonnance de renvoi, plaçant Magalie Habitant, l’ancien député Victor Prophane et l’ex-directeur général de la CAS Elionor Devallon sur la voie d’un procès criminel.
Selon le document transmis au greffe du parquet de Port-au-Prince, les trois accusés devront comparaître devant un tribunal criminel siégeant sans assistance de jury.

Deux policiers affectés à la sécurité d’Elionor Devallon sont également renvoyés devant la justice dans le cadre de la même procédure, leur dossier ayant été joint à celui des anciens responsables publics visés par l’enquête.

Parallèlement, le magistrat instructeur a ordonné la libération des autres personnes interpellées lors des opérations menées par la DCPJ. Ces arrestations avaient été effectuées lors de descentes ciblant les domiciles ou déplacements des principaux mis en cause.
Le chauffeur de l’ex-directrice du SNGRS figure parmi les personnes libérées, de même que les fils et les frères de l’ancien député Prophane.

Les interpellations initiales remontent au mois de janvier, lorsque la Police judiciaire avait exécuté plusieurs mandats dans le cadre de ce dossier. Les autorités soupçonnaient alors certains des accusés d’entretenir des liens avec des groupes armés, ce qui avait conduit à l’ouverture d’une instruction judiciaire.

Un renvoi qui soulève de lourds soupçons : l’ombre d’une injustice planifiée

Depuis la publication de l’ordonnance, un véritable tollé s’élève. De plus en plus de voix, dans la population comme dans certains milieux politiques, n’hésitent plus à parler d’une injustice programmée, minutieusement orchestrée, visant particulièrement Magalie Habitant, mais aussi Victor Prophane et Elionor Devallon.

Pour de nombreux observateurs, l’enchaînement des faits n’a rien d’anodin.

Magalie Habitant — figure politique dérangeante pour certains secteurs du pouvoir — avait récemment publiquement dénoncé le conseiller présidentiel Louis Gérard Gilles. Elle l’accuse d’avoir dépêché un individu nommé Dickson auprès de groupes armés, dans ce qu’elle décrit comme une mission menée pour le compte du Conseil présidentiel de transition (CPT).

Selon ses déclarations, Dickson aurait ensuite reproché au conseiller Gilles de ne jamais avoir reçu le paiement promis, avant d’être assassiné dans des circonstances brutales et jamais élucidées.
Une mort qui, aux yeux de plusieurs proches de Magalie Habitant, ressemble étrangement à une liquidation destinée à faire taire un témoin gênant.

Dans ce climat explosif, l’arrestation de Magalie Habitant quelques semaines seulement après ses révélations est perçue par une partie de l’opinion comme un message politique déguisé en procédure judiciaire.
Par ailleurs, des amis proches de Prophane, de Magalie et d’Elionor qui côtoyaient régulièrement ces trois personnalités affirment que, même dans les moments les plus difficiles, ils continuaient de réclamer justice et transparence. Pour ces proches, tout semble fait pour écarter ces trois figures de la scène politique haïtienne.
Ils insistent : les rumeurs, les ragots et les racontars ne doivent en aucun cas primer sur la justice, surtout dans un dossier aussi sensible.

Ces éléments nourrissent un débat public où une partie de l’opinion croit que la procédure judiciaire pourrait être instrumentalisée contre Magalie Habitant, Victor Prophane et Elionor Devallon.
Aucune preuve n’a toutefois été apportée pour étayer cette thèse, et les autorités judiciaires affirment suivre le cours normal de la procédure.

Prochaine étape : un procès sous tension

L’ordonnance de renvoi marque la fin de la phase d’instruction.
Il appartient au parquet d’organiser la tenue du procès criminel et de mettre le dossier au rôle de la juridiction compétente.

Un procès qui, à n’en pas douter, se déroulera sous haute tension, tant pour les accusés que pour ceux qui voient dans ce dossier le nouveau visage d’une justice qui, trop souvent, sert de bras armé aux luttes politiques.

Rédaction : Zantray News Haïti

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