Le Gouvernement a, une fois de plus, profité de la tribune des Mardis de la Nation pour dérouler une liste d’engagements solennels envers les personnes déplacées internes (PDI) et les populations vulnérables. Mais derrière la mise en scène soignée, difficile de ne pas voir dans ce communiqué du 9 décembre 2025 un énième exercice de communication, sans véritable garantie que ces mesures dépasseront le stade des déclarations.
Le Directeur général du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), Serge Gabriel Colin, a annoncé toute une série d’actions censées « renforcer l’appui » aux populations les plus fragiles pour les fêtes de fin d’année. Dans un pays où les urgences humanitaires se succèdent, les autorités promettent encore une fois d’intensifier la distribution de plats chauds, de kits alimentaires et hygiéniques dans les camps de déplacés, d’augmenter les repas servis dans les restaurants communautaires, de préparer la traditionnelle soupe de l’indépendance et de distribuer 20 000 transferts monétaires de 10 000 gourdes.
Ces mesures, qui doivent couvrir Port-au-Prince, le Plateau Central, l’Artibonite et Petit-Goâve — récemment ravagé par l’ouragan Melissa — ressemblent davantage à un catalogue d’intentions qu’à un plan structuré. Le FAES, présenté comme le « bras technique » du Ministère des Affaires sociales et du Travail, assure mobiliser ses 105 restaurants communautaires pour la préparation de la soupe de l’indépendance, symbole certes puissant, mais qui peine à masquer la profondeur de la crise sociale.
L’annonce la plus spectaculaire reste sans doute l’allocation de « plusieurs centaines de millions de gourdes ». Une formule vague, soigneusement non chiffrée, qui laisse planer un doute profond sur la réelle portée du financement. On apprend qu’une « part importante » sera affectée aux transferts monétaires, sans qu’aucune précision ne soit donnée sur les mécanismes de distribution, les critères de sélection ou les garanties contre les détournements habituels.
Comme dans chaque déclaration gouvernementale, Serge Gabriel Colin a réaffirmé l’« engagement ferme » des autorités aux côtés des PDI, ainsi que leur « détermination » à rétablir durablement la sécurité sur l’ensemble du territoire. Deux promesses répétées depuis des années, tandis que les camps de déplacés continuent de s’étendre et que les populations vulnérables survivent dans des conditions indignes.
Au final, ce communiqué ressemble davantage à une opération de relations publiques à l’approche des fêtes qu’à une réponse à la hauteur de la situation. Des annonces, encore des annonces — mais pour les familles qui vivent sous des tentes, pour celles qui ont tout perdu suite à l’ouragan Melissa, ou pour celles qui dépendent chaque jour d’un repas communautaire, les mots du Gouvernement ne suffisent plus. Ce qu’il faut, ce sont des actes concrets, vérifiables, mesurables. Et surtout, des résultats.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com