Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a quitté le pays ce lundi 8 décembre pour participer à la Conférence internationale des pays contributeurs, consacrée à la préparation du déploiement de la future Force de Répression des Gangs (FRG). L’annonce, relayée par un communiqué gouvernemental, tente péniblement de donner à ce déplacement un caractère décisif, à coups de formules pompeuses qui masquent mal l’absence de substance réelle.
Le texte insiste lourdement sur la « détermination du Gouvernement à restaurer la sécurité » et sur sa volonté de « protéger la population » et de créer les conditions pour des élections « libres, crédibles et démocratiques ». Pourtant, la répétition de ces grands principes sonne davantage comme un exercice de communication que comme la présentation d’initiatives concrètes. À force d’en appeler à la « détermination », l’exécutif semble surtout reconnaître, malgré lui, qu’il n’a toujours rien produit de tangible.
La présence du Premier ministre à cette conférence est décrite comme la preuve d’un « engagement ferme » et d’un effort de mobilisation de la « solidarité internationale ». Là encore, la rhétorique gouvernementale s’emballe, cherchant à faire passer un voyage diplomatique pour une percée stratégique. Nulle précision n’est fournie sur ce que ce déplacement permettra réellement d’obtenir, sinon des rencontres programmées avec des représentants du Canada, des États-Unis, du Kenya et du Guatemala. Une liste de noms prestigieux ne remplace pas des résultats — mais elle semble suffire au gouvernement pour tenter de convaincre.
Le communiqué annonce qu’Alix Didier Fils-Aimé prendra la parole avant la séance plénière. Une intervention de plus, un discours de plus… pendant que le pays, lui, attend des actions concrètes. Le contraste est saisissant : tandis que le gouvernement se félicite d’envoyer le Premier ministre parler à l’étranger, les problèmes évoqués — insécurité, manque de stabilité, besoin d’élections crédibles — restent soigneusement enfermés dans le vocabulaire technocratique d’un document qui ne propose aucune solution visible.
On nous informe finalement que le Premier ministre reviendra en Haïti le 10 décembre 2025. Voilà la seule information parfaitement claire du communiqué : le calendrier. Rien sur l’impact, rien sur les engagements obtenus, rien sur ce que ce déplacement apportera réellement aux citoyens. Seulement les dates du voyage et une avalanche de mots creux.
En réduisant la stratégie sécuritaire du pays à un énième déplacement international accompagné d’un texte boursouflé, le gouvernement donne surtout l’impression de confondre apparition diplomatique et action réelle. Pendant que les formulations ronflantes s’accumulent, le pays, lui, continue d’attendre les résultats que ce genre de mission prétend annoncer.
Mozard Lombard,
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