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Un communiqué d’autosatisfaction qui peine à masquer l’opacité du processus électoral

Le Gouvernement a, une fois de plus, choisi la tribune des Mardis de la Nation pour se féliciter d’avancées dont il est lui-même le seul garant, le seul évaluateur… et le seul à estimer qu’elles sont « majeures ». Lors de cette 29ᵉ édition, le ministre délégué Joseph André Gracien Jean a déroulé un catalogue de promesses qui, bien que présentées comme des percées historiques, repose uniquement sur des déclarations internes, sans aucun élément de vérification indépendante.

Le ministre a insisté sur les « engagements fermes » du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé en faveur d’élections rapides et crédibles, citant notamment la mobilisation du Conseil électoral provisoire et l’adoption du Décret électoral le 1ᵉʳ décembre. Mais aucune précision n’est avancée sur la manière dont ces engagements, répétés depuis des mois, seraient effectivement tenus. L’adoption d’un décret est décrite comme une « étape décisive », comme si un texte suffisant à lui seul pouvait garantir un renouvellement politique longtemps attendu.

Les innovations présentées dans ce décret sont énumérées comme autant de trophées : exigence de 50 % de femmes dans les postes décisionnels, mise à jour du registre électoral, décentralisation du Centre de tabulation, participation de la diaspora, recrutement de membres de bureaux de vote parmi élèves du NS4, organisations de femmes et société civile. Ce qui manque, en revanche, c’est toute indication sur la faisabilité réelle de ces mesures. Comment ces objectifs seront-ils atteints ? Avec quels moyens ? Dans quels délais ? Le communiqué se contente d’une liste, sans jamais aborder les défis logistiques évidents que même un observateur minimalement informé pourrait anticiper.

Le ministre qualifie ces mesures d’« avancées structurantes » pour la refondation de l’État et la modernisation du système électoral. Mais là encore, rien n’explique en quoi ces initiatives, décrites uniquement de manière théorique, seraient véritablement opérationnelles. L’annonce d’un programme de renforcement des capacités pour plus de 100 partis politiques ne fait pas exception : présentée comme une réussite, elle n’est pourtant assortie d’aucune indication sur la qualité, la transparence ou les résultats de ces formations.

Enfin, le communiqué se conclut sur une nouvelle déclaration d’intention : l’engagement du Conseil Présidentiel de Transition et du Gouvernement à créer des « conditions sécuritaires propices » à la tenue des élections. Une formule usée, répétée, mais jamais illustrée par des actions concrètes dans ce texte.

Au final, ce communiqué offre moins une information qu’un exercice d’autocélébration : un récit soigneusement maîtrisé, entièrement tourné vers l’image d’un Gouvernement actif, mais totalement silencieux sur la manière dont ces annonces pourront dépasser le stade du discours. Une communication millimétrée, certes, mais qui laisse le public face à plus de questions que de réponses.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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