En marge du Forum général sur l’industrie tenu à Riyad ce mardi 25 novembre 2025, le Ministre du Commerce et de l’Industrie, James Monazard, a une nouvelle fois multiplié les échanges diplomatiques, cette fois avec Mme Fatou Haidara, haute responsable de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Officiellement, il s’agissait d’un dialogue “constructif” consacré à la modernisation industrielle d’Haïti. Officieusement, cette rencontre s’apparente surtout à un rituel diplomatique de plus, sans garantie tangible de retombées pour un secteur industriel haïtien qui peine encore à sortir de sa stagnation.
Depuis la signature du projet pays Haïti–ONUDI en 2015-2016, on peine à identifier les avancées concrètes issues de cette collaboration présentée aujourd’hui comme un “pilier” de développement. Voilà qu’une décennie plus tard, on annonce une évaluation de ce projet… preuve, s’il en fallait, que les résultats n’ont jamais sauté aux yeux.
La discussion a tourné autour de promesses déjà bien connues : renforcement des capacités techniques, formation des jeunes, mise en œuvre du Programme d’action de Doha 2022-2031 destiné aux pays les moins avancés. Autrement dit, les mêmes engagements généraux et les mêmes cadres théoriques que l’on recycle à chaque rencontre internationale, sans que l’industrie haïtienne ne connaisse la transformation profonde qu’on lui promet pourtant depuis des années.
L’ONUDI, rappelons-le, est l’agence spécialisée de l’ONU chargée de soutenir le développement industriel, la création d’emplois et la croissance économique durable et innovante. Sur le papier, l’institution affirme accompagner les pays en développement – et notamment les PMA – vers un renforcement de leur tissu industriel. Mais à ce stade, les intentions répétées semblent peser bien plus lourd que les réalisations.
Alors que le ministre Monazard et Mme Haidara se sont engagés à “intensifier leur collaboration”, une question demeure : intensifier quoi, exactement ? Les annonces, les consultations, les évaluations ? Ou les actions concrètes dont l’économie haïtienne a désespérément besoin ?
La rencontre de Riyad, présentée comme une étape importante, risque fort de rejoindre la longue liste des discussions prometteuses mais peu suivies d’effets. En attendant, l’industrie haïtienne continue de se moderniser surtout dans les déclarations officielles — beaucoup moins dans la réalité.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com