Le lundi 3 novembre 2025, une délégation officielle composée du conseiller-président Leslie Voltaire, de l’ambassadrice de Colombie en Haïti, Mme Vilma Rocio Velázquez Uribe, et du directeur général du FAES, Serge Gabriel Colin, s’est rendue à Kenskof pour distribuer des kits alimentaires aux déplacés vivant dans des camps. Un geste présenté comme un symbole de coopération entre Haïti et la Colombie, mais qui soulève de sérieuses interrogations sur la portée réelle de ce type d’initiatives.
Car derrière les discours bien rodés et les sourires officiels, la réalité est autrement plus sombre. Depuis neuf mois, ces familles vivent dans la précarité absolue, chassées de leurs foyers par une insécurité endémique que ni le Conseil présidentiel de transition (CPT) ni ses partenaires étrangers ne semblent capables d’enrayer. Offrir quelques sacs de provisions à des gens réduits à la survie ne saurait tenir lieu de politique sociale. C’est une rustine humanitaire sur une plaie béante.
Le conseiller-président Leslie Voltaire a remercié la Colombie pour sa « coopération fructueuse », rappelant l’envoi de 52 jeunes Haïtiens pour des études professionnelles et la prétendue collaboration dans les domaines du commerce et de la sécurité. Mais ces annonces sonnent comme une répétition bien connue : promesses, photos, poignées de main… et retour au silence. Pendant ce temps, les déplacés continuent de s’entasser dans des tentes, les écoles ferment, et la police de Kenskof, que la délégation a symboliquement visitée, manque de tout.
Ce déplacement, présenté comme un signe d’espoir, ressemble davantage à un exercice de communication qu’à une réponse concrète à la misère et à la peur. Tant que les autorités se contenteront de poser pour la presse au lieu d’affronter les causes profondes de l’insécurité et de la désorganisation sociale, Kenskof et le reste du pays resteront prisonniers d’une solidarité de façade.
Mozard Lombard,
mozardolombardo@gmail.com
