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Ouragan Melissa : un gouvernement de déclarations face à une catastrophe bien réelle

Le gouvernement haïtien a publié ce mardi un communiqué empreint de compassion et de grandes déclarations à la suite du passage de l’ouragan Melissa, qui a ravagé une partie du Grand Sud. Mais au-delà des mots, la réalité sur le terrain laisse déjà entrevoir un écart inquiétant entre la rhétorique officielle et l’urgence vécue par des milliers de sinistrés.

Selon le communiqué, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé aurait « mobilisé l’ensemble du système national de gestion des risques et des désastres » dès les premières alertes. Pourtant, dans plusieurs communes du Sud et des Nippes, les habitants affirment n’avoir reçu aucun soutien concret ni consignes claires avant le passage du cyclone devenu un ouragan de catégorie 5, avec des vents atteignant 280 km/h.

L’exécutif se félicite d’avoir « anticipé et limité les impacts du phénomène », alors que des centaines de familles continuent de dormir à la belle étoile, faute d’abris ou d’assistance. La Direction de la Protection Civile est certes mentionnée dans le texte, mais les témoignages sur le terrain évoquent un manque de coordination flagrant, des abris saturés et une absence totale de logistique dans les zones les plus touchées.

Dans un ton presque solennel, le communiqué parle de « mobilisation totale » et de « solidarité nationale », tout en remerciant des « partenaires internationaux » dont l’aide, jusqu’ici, reste largement symbolique. Rien n’est dit, en revanche, sur l’état des routes coupées, les ponts effondrés ou les pertes agricoles massives qui condamnent déjà plusieurs départements à une nouvelle crise humanitaire.

Le texte gouvernemental se conclut par un engagement à « renforcer la résilience nationale » — une formule désormais récurrente après chaque catastrophe naturelle. Mais sans plan clair, sans transparence budgétaire et sans volonté réelle de réformer la gestion des risques, cette promesse risque fort de rejoindre la longue liste des engagements sans lendemain.

Pendant que le pouvoir communique, le pays s’enlise dans la boue et la désolation. Melissa n’aura pas seulement mis à nu la vulnérabilité d’Haïti face aux aléas climatiques : elle rappelle, une fois de plus, l’impuissance chronique d’un État qui confond présence médiatique et action publique.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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