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“Un plat chaud pour éteindre la misère : quand la charité remplace la gouvernance”

Sous couvert d’humanisme et de solidarité, le Fonds d’Assistance Économique et Sociale (FAES) tente une nouvelle fois de maquiller l’échec patent de l’État haïtien à répondre durablement à la crise humanitaire qui ravage la capitale. En distribuant quelques milliers de plats chauds dans une mer de détresse, l’institution se félicite de gestes qui relèvent davantage de la survie symbolique que d’une véritable politique publique.

Durant les 20 et 21 octobre, le FAES a fièrement annoncé avoir servi 5 500 plats chauds par jour sur le site du MTPTC à Delmas. Riz collé et poulet, un menu qui, pour quelques heures, apaise la faim de centaines de familles déplacées. Mais ces chiffres, qui paraissent impressionnants dans les communiqués officiels, ne représentent qu’une goutte d’eau face aux dizaines de milliers de personnes contraintes de fuir la violence et l’insécurité dans la région métropolitaine.

Même scénario le 22 octobre : 3 300 repas distribués à Bourdon, 1 920 à Lalue, 1 080 à un autre site voisin. En tout, un peu plus de 6 000 plats — une opération louable sur le papier, mais dérisoire face à l’ampleur du désastre social. Le FAES parle “d’assistance alimentaire efficace”. Efficace pour qui ? Pour les caméras officielles, sans doute.

Car derrière les chiffres et les photos soigneusement mises en scène, la réalité demeure implacable : les déplacés internes survivent dans des conditions inhumaines, sans abris dignes, sans accès stable à l’eau, aux soins, ni à la sécurité. Distribuer du riz et du poulet ne saurait masquer l’effondrement des institutions ni l’absence de vision à long terme pour reconstruire un pays où la faim et la peur sont devenues le quotidien.

Le gouvernement se félicite d’“actions coordonnées”, mais la coordination sans planification n’est qu’un simulacre. Pendant que l’État se contente d’une politique de cantine de crise, les familles déplacées, elles, attendent une véritable réponse : un toit, un avenir, et surtout, un État capable d’autre chose que de distribuer des assiettes pour se donner bonne conscience.

Un plat chaud ne remplace pas une politique.

Mozard Lombard,

mozardolombardo@gmail.com

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