La récente feuille de route présentée par l’Organisation des États américains (OEA) pour Haïti soulève de sérieuses inquiétudes quant à sa capacité à répondre efficacement aux défis du pays. Sur les 1,3 milliard de dollars annoncés, 908 millions seront consacrés à l’humanitaire, contre seulement 96 millions alloués à la sécurité — un déséquilibre qui rappelle les plans internationaux précédents, souvent critiqués pour leur manque d’impact durable.
Alors que l’insécurité paralyse une grande partie du territoire et que les groupes armés continuent de gagner du terrain, cette répartition des fonds semble ignorer les réalités du terrain. Nombre d’observateurs y voient un nouvel exemple d’un agenda international déconnecté des priorités locales. Plutôt que de renforcer les capacités de la police nationale ou de sécuriser les infrastructures vitales, l’essentiel des ressources sera dirigé vers des initiatives humanitaires temporaires.
Ce choix stratégique, selon plusieurs analystes, risque de reproduire les erreurs du passé : des investissements massifs dans l’assistance d’urgence sans engagement soutenu pour rétablir l’ordre et la stabilité. Dans ce contexte, la feuille de route de l’OEA apparaît moins comme une solution que comme une nouvelle tentative vouée à l’échec.
Pour beaucoup, la question demeure : peut-on vraiment reconstruire un pays sans d’abord assurer la sécurité de sa population ?
Mozard Lombard,
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