Face à l’explosion du nombre de déplacés internes provoquée par l’escalade de la violence armée, le Gouvernement haïtien a présenté une réponse structurée et ambitieuse pour répondre à cette crise humanitaire sans précédent.
À l’occasion de la 19e édition des Mardis de la Nation, tenue ce mardi à la Primature, le ministre délégué auprès du Premier ministre, Herwil Gaspard, chargé de la Solidarité et des Affaires humanitaires, a dévoilé les grandes lignes de la stratégie nationale visant à venir en aide aux familles contraintes de fuir leur domicile.
« Ces familles n’ont pas fui une catastrophe naturelle. Elles ont été chassées de leurs maisons par la terreur des armes », a déclaré le ministre, soulignant la gravité de la situation.
Trois axes pour une réponse cohérente
La stratégie gouvernementale repose sur trois volets complémentaires, combinant urgence humanitaire et solutions de long terme :
- Renforcement de la présence institutionnelle dans les zones d’accueil
Plusieurs institutions sont mobilisées pour répondre aux besoins essentiels des déplacés internes (PDI) :- Le FAES assure la distribution de repas chauds,
- La DINEPA garantit l’accès à l’eau potable,
- L’ONM assure le référencement et le suivi des déplacés,
- Le MSPP fournit les soins de santé.
- Relogement digne et direct
Un programme de chèques de subvention locative a été lancé pour permettre aux familles de quitter les camps et de s’installer dans des logements plus sûrs et décents, hors des sites de fortune. - Relèvement économique et insertion sociale
Le Gouvernement vise l’autonomisation des déplacés, mais aussi des personnes refoulées ou déportées. Le plan comprend :- Des activités génératrices de revenus,
- Des formations professionnelles qualifiantes, grâce à un protocole d’accord avec l’INFP.
Les jeunes des camps sont également ciblés, afin qu’ils deviennent acteurs de leur propre relèvement, plutôt que simples bénéficiaires.
Une crise d’ampleur nationale
Selon la Direction générale de la Protection civile (DGPC), plus d’un million de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’échelle nationale. Environ 180 000 vivent actuellement dans des camps, principalement dans les départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Centre.
Le Gouvernement veut aller au-delà de l’assistance d’urgence, en favorisant l’autonomie et en réduisant la vulnérabilité de ces populations face à l’influence des groupes armés.
Prévenir la violence et restaurer la stabilité
Le ministre Gaspard a insisté sur la nécessité d’un changement de paradigme :
« L’aide humanitaire est nécessaire, mais insuffisante. Il faut briser le cycle de dépendance. »
Cette réponse s’inscrit dans une vision de rupture, visant également à prévenir la violence, en coupant les liens entre jeunes en détresse et bandes armées.
L’objectif ultime du Gouvernement est de restaurer un climat de confiance, favorable à la tenue d’élections crédibles, et de poser les fondations d’un redressement durable.
Dans cette dynamique, le ministre a rappelé le lancement récent du programme PREJEUNES, une initiative dédiée à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, conçue comme une alternative concrète aux dynamiques d’exclusion.
Une réponse déterminée
Le Gouvernement haïtien affirme sa volonté d’agir avec efficacité, équité et fermeté face à l’urgence humanitaire actuelle, tout en s’inscrivant dans une perspective de transformation durable du pays.