Les signataires du « 21 décembre » claquent la porte du désordre présidentiel

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Port-au-Prince, le 16 juin 2025 –
Le couperet est tombé. Dans une déclaration ferme et sans détour, les signataires du Consensus du 21 décembre dénoncent l’échec total du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’ils accusent d’avoir précipité Haïti dans une spirale de chaos, d’irresponsabilité et de trahison nationale. Le constat est brutal : la transition n’a pas simplement déraillé — elle a implosé, gangrenée par les égos, le clientélisme et l’aveuglement d’une élite déconnectée.

Une transition sabotée de l’intérieur

À l’origine de l’accord du 3 avril 2024, des figures telles que Serge D. Gaspard, Pascal Adrien, Sorel Jacinthe, André Michel, Marjorie Michel, Eddy Jackson Alexis et Kenol Matthieu avaient misé sur l’intelligence collective pour sortir le pays du marasme. Aujourd’hui, avec Abel Descollines, Joseph Domingue Orgella, Novia Augustin et Fougere Aldophe, ils dressent l’acte de décès politique d’un Conseil devenu l’incarnation même de la désunion.

Le CPT, censé symboliser la collégialité, s’est transformé en une foire d’empoigne où chacun tire la couverture à soi, pendant que la République s’effondre.

La transition n’a pas été trahie par ses ennemis, mais par ceux-là mêmes qui prétendaient la conduire. Pour Elidya Salomon, Evens Jean, Jamil Salomon et Jorchemy Jean-Baptiste, le plus grand crime du Conseil est d’avoir détourné la mission collective au profit de calculs mesquins, au mépris des souffrances du peuple haïtien.

Un pays à genoux, un peuple sacrifié

Pendant que les membres du CPT s’accrochent à leurs privilèges comme des naufragés à une planche pourrie, la réalité nationale vire au cauchemar. Plus de 1,3 million de déplacés internes, selon l’OIM. Des zones entières — Mirebalais, Saut-d’Eau, entre autres — livrées aux gangs de « Viv Ansanm ». L’État a reculé. L’État a cédé. L’État a disparu.

Et l’économie ? Un champ de ruines. Une inflation de 26,8 %, une croissance négative de -2,5 %, un effondrement des investissements privés de -36,3 %. Le peuple ne vit plus : il survit à peine. Et pendant ce temps, que fait le Conseil Présidentiel ? Il bavarde, complote, se dispute des miettes de pouvoir, pendant que le feu consume la maison.

Une réforme constitutionnelle au forceps

Le « 21 décembre » ne mâche pas ses mots : la prétendue réforme constitutionnelle est une mascarade technocratique, menée sans consultation sérieuse, dans un climat de peur et de méfiance. Pour Louvens Charles, Patrick Séverin, Allah Louis, Tarly Guirand et Ilmose Dorvilier, débattre d’un texte fondamental sans enracinement populaire, sans justice, sans sécurité, est à la fois irréaliste et irresponsable.

Que vaut un avant-projet de Constitution quand les tribunaux sont en exil, les écoles fermées, les routes bloquées, les citoyens tués ou déplacés ?
Dans ces conditions, évoquer un référendum ou des élections relève de l’absurde. Jeannot Jeune, l’un des signataires, va plus loin : vouloir forcer ce processus hors du cadre temporel fixé par le décret du 17 juillet 2024, c’est porter un coup fatal à toute tentative de reconstruction institutionnelle.

Rompre avec l’hypocrisie et la complicité

Ceux qui dirigent aujourd’hui ont échoué. Pire encore : ils ont trahi. Le « 21 décembre » appelle à une rupture nette avec la logique du pourrissement. Il est temps de convoquer d’urgence toutes les forces nationales, sous médiation internationale, pour sauver ce qui peut encore l’être. Car chaque jour qui passe renforce les criminels, détruit la confiance et éloigne davantage l’espoir.

Ce message est signé par 21 figures politiques qui, malgré leurs différences, partagent la même conviction : Serge D. Gaspard, Pascal Adrien, Sorel Jacinthe, André Michel, Novia Augustin, Abel Descollines, Kenol Matthieu, Joseph Domingue Orgella, Eddy Jackson Alexis, Marjorie Michel, Fougere Aldophe, Elidya Salomon, Evens Jean, Jamil Salomon, Jorchemy Jean-Baptiste, Louvens Charles, Patrick Séverin, Allah Louis, Tarly Guirand, Ilmose Dorvilier et Jeannot Jeune.

Une question brûlante demeure

Comment ces signataires peuvent-ils aujourd’hui se présenter comme les juges lucides d’un système dont ils furent — de manière directe ou indirecte — les bâtisseurs, les relais ou les bénéficiaires ?
Est-il crédible de dénoncer un pouvoir pendant qu’on en partage encore les postes, les privilèges et les avantages?

Rédaction: Zantray News

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