Mirebalais : entre mystères et complicités suspectes

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Que de zones d’ombres entourent l’attaque violente menée par des gangs armés contre la ville de Mirebalais. Les conséquences sont dramatiques : des centaines de milliers d’habitants ont été contraints de fuir, transformant la commune et ses agglomérations en villes fantômes. La mainmise des gangs criminels ne cesse de semer la terreur, et leur expansion semble incontrôlable.

En fin de semaine, les deux chefs de gangs les plus redoutés de la banlieue nord de Port-au-Prince, opérant notamment à Croix-des-Bouquets et Bon Repos, ont été filmés, en toute décontraction, au cœur du centre-ville de Mirebalais. Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, les deux hommes apparaissent calmes, sûrs d’eux, et manifestement peu inquiétés par une éventuelle riposte policière, alors même que des forces de sécurité étaient supposément déployées dans la zone.

Face à cette situation alarmante, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent l’inaction des autorités policières. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), dans un rapport consacré aux exactions commises à Saut-d’Eau et à Mirebalais, réclame l’ouverture d’une enquête pour identifier les potentiels complices des gangs au sein de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et parmi les représentants de l’État au niveau départemental.

Pierre Espérance, directeur exécutif du RNDDH, n’écarte pas l’hypothèse d’une complicité active : « Comment expliquer que certaines maisons appartenant à des personnalités connues aient été directement ciblées, tandis que d’autres, liées à des autorités locales, soient épargnées, voire protégées par les gangs ? ». Les faits rapportés font état d’incendies et de saccages touchant les biens de citoyens réputés critiques envers les criminels, tandis que des propriétés associées à la délégation départementale du Centre auraient été soigneusement épargnées.

Ces observations renforcent les soupçons de collusion entre certains responsables étatiques et les gangs. Le RNDDH fustige le mutisme du délégué départemental, qui refuse d’apporter son soutien aux demandes de changement au sein du haut commandement de la PNH du Centre. Pourquoi ce silence complice ? Pourquoi cette absence de coordination entre la délégation départementale et les unités de la police, pourtant cruciales pour la reconquête de Mirebalais ?

De leur côté, des membres de groupes de résistance locaux se disent consternés par le manque d’initiatives de la part des autorités. Ils dénoncent un refus récurrent d’organiser des contre-offensives pour reprendre le contrôle du centre-ville.

Parallèlement, l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH) alerte sur la situation humanitaire : des milliers de déplacés vivent dans des conditions précaires, exposés à des risques sanitaires majeurs. L’ONG redoute une propagation rapide de maladies en raison du manque d’infrastructures d’accueil.

Face à cette situation d’urgence, les appels se multiplient pour exiger des comptes et réclamer une réponse forte, rapide et transparente de l’État haïtien.


Rédaction: Zantray News

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