Haïti piégée dans la transition : vers un troisième échec annoncé

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Alors que le pays s’enfonce dans une crise sans précédent, Haïti se dirige inexorablement vers une troisième transition politique en quelques années. Pourtant, loin d’être une solution, ces transitions successives sont devenues un piège mortel. Pour une grande majorité des politiciens haïtiens, elles sont une aubaine : une opportunité d’accéder au pouvoir sans passer par le verdict des urnes, de se partager l’État comme un butin et de perpétuer un système de corruption institutionnalisée. Mais pour le pays, ces transitions sont la pire des impasses, synonymes de pourrissement à tous les niveaux.

Le crime politique au service du chaos

Haïti semble être frappée par une malédiction. L’assassinat du président Jovenel Moïse, élu par la voie des urnes, a marqué le début d’une descente aux enfers. Derrière ce crime se cachent des hommes d’affaires criminels et des policiers corrompus, déterminés à liquider un chef d’État légitime pour mieux s’accaparer le pays à travers des gouvernements de transition successifs.

Depuis ce meurtre, Haïti ne connaît que des arrangements politiques obscurs, où les postes de pouvoir se distribuent comme des parts de marché. Chaque transition devient une opportunité pour piller les ressources publiques, affaiblir davantage l’État et maintenir la population dans l’incertitude.

L’échec du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement précédent a démontré que ces pseudo-solutions ne font qu’aggraver la crise. Aujourd’hui, le gouvernement dirigé par Alix Didier Fils-Aimé s’inscrit dans cette même continuité incertaine.

Un gouvernement qui a échoué sur toute la ligne

Le gouvernement actuel n’a rien prouvé. Il n’a rien accompli et ne peut plus se justifier. Avec un Premier ministre sans expérience ni compétence politique, il est un simple maillon de plus dans cette chaîne de l’échec. Face à une insécurité galopante, un État en déliquescence et une économie en ruine, ce gouvernement a montré son incapacité à redresser la situation.

Sa seule issue honorable est désormais la démission. Le statu quo est intenable, et toute tentative de prolonger cette transition ne fera qu’accentuer le chaos.

Pourquoi les politiciens haïtiens détestent-ils les élections ?

Si les élections sont la base de toute démocratie, elles sont pourtant le cauchemar de la classe politique haïtienne. Pourquoi ? Parce qu’elles représenteraient la fin de leur règne, l’obligation de rendre des comptes et la nécessité d’affronter la volonté populaire.

Les politiciens haïtiens fuient les élections parce qu’ils savent qu’ils n’ont aucune légitimité réelle. Ce sont des démagogues démocrates, qui utilisent le langage de la démocratie tout en agissant comme des dictateurs modernes, accrochés au pouvoir par des moyens détournés.

Les transitions leur permettent de contrôler le jeu sans jamais risquer de perdre. Elles leur offrent des opportunités de s’enrichir, d’installer leurs clans et de réprimer toute opposition sans jamais se soumettre au suffrage universel. Dans ces conditions, pourquoi accepteraient-ils de remettre leur avenir entre les mains du peuple haïtien ?

Un pays en pleine décomposition

Pendant que les politiciens manipulent les crises pour se maintenir au pouvoir, Haïti s’effondre. L’État ne contrôle plus rien, les gangs font la loi, et la population vit dans la terreur. L’économie est en ruine, la misère s’intensifie, et la méfiance envers les institutions atteint son paroxysme.

Le gouvernement de Alix Didier Fils-Aimé a prouvé qu’il n’était pas à la hauteur. Le prochain gouvernement, issu de cette troisième transition, devra prouver le contraire. Il devra démontrer qu’il ne sera pas un simple maillon de plus dans cette chaîne de l’échec, mais un véritable acteur du changement.

Il faut en finir avec la transition

Haïti n’a plus besoin d’une transition. Elle n’a plus besoin de ces gouvernements provisoires qui n’ont ni légitimité, ni vision, ni capacité à remettre le pays sur pied. Ce qu’il faut, c’est une refonte totale du système politique, une rupture nette avec les pratiques du passé et, surtout, un retour aux élections véritablement démocratiques.

Mais tant que les élites politiques continueront à voir les transitions comme un moyen d’éviter le verdict des urnes, Haïti restera piégée dans ce cycle infernal. Aujourd’hui, nous avançons, malgré tout, vers une troisième transition. Mais combien de temps le pays pourra-t-il encore survivre à ces solutions temporaires qui ne font que prolonger son agonie ?

L’heure est venue d’en finir avec cette question de transition. Haïti doit choisir entre la refondation et la disparition. Le prochain gouvernement devra montrer qu’il ne sera pas une simple répétition des erreurs passées. S’il échoue à son tour, alors Haïti sombrera définitivement.


Rédaction : Zantray News

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