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Dajabón / Ouanaminthe, 20 mars 2025 — Ce qui aurait pu tourner au drame s’est joué en quelques minutes ce mercredi à la frontière entre Haïti et la République dominicaine. Me André Michel, avocat, homme politique et personnage central des luttes populaires de ces dernières années, a été violemment pris à partie par une foule haïtienne en colère alors qu’il tentait de franchir la frontière à Dajabón.
Il n’a dû son salut qu’à l’intervention rapide de l’armée dominicaine, qui l’a exfiltré sous tension avant de le remettre aux autorités consulaires haïtiennes. Une scène d’humiliation publique pour celui qui, hier encore, prétendait parler au nom du peuple, mais qui aujourd’hui est rejeté par cette même population, ulcérée par ses trahisons politiques.
Un appel à la violence resté impuni
Me André Michel n’est pas un acteur mineur de la vie politique haïtienne. Il est le principal fondateur du mouvement “Peyi Lòk”, une mobilisation qui a paralysé le pays entre 2018 et 2019 sous prétexte de lutte contre la corruption, avec pour slogan central “Barikad se avniw”.
Il en était la figure la plus radicale, appelant ouvertement à la révolte, à la désobéissance civile, et même à la violence. Il a été l’un des rares leaders politiques à prôner la mort et l’assassinat comme instrument de changement, allant jusqu’à appeler le peuple à se rendre au Palais national pour “bafouer, tabasser et éliminer” le président Jovenel Moïse.
Ces appels répétés à la violence, tenus devant micros et caméras, n’ont pourtant jamais valu à Me Michel la moindre sanction internationale, ni de la part des États-Unis, ni du Canada, pourtant très actifs dans les dossiers haïtiens.
Et pourtant, chose dite, chose faite : Jovenel Moïse a bel et bien été assassiné dans des conditions encore floues, mais profondément choquantes. Aujourd’hui, la même rue qu’il a encouragée à la violence se retourne contre lui.
“Barikad se avniw” : une promesse trahie
Après avoir mobilisé des milliers de jeunes derrière le slogan “Barikad se avniw”, Me Michel a activement contribué à la fermeture des écoles à travers le pays, poussant une génération entière vers la rue, la violence et l’illusion révolutionnaire.
Pendant que les jeunes affrontaient les gaz lacrymogènes et les balles, les enfants de Me Michel, eux, étudiaient paisiblement dans des écoles aux États-Unis. Il a fermé son école en Haïti et s’est discrètement réfugié à l’étranger, laissant derrière lui une jeunesse désorientée et instrumentalisée.
Nombre de ces jeunes, aujourd’hui désabusés, se sont retrouvés enrôlés dans des gangs armés, devenus les produits directs de cette idéologie de confrontation et de chaos. Certains chefs de gangs eux-mêmes, autrefois sympathisants du mouvement, accusent désormais Me Michel de les avoir abandonnés, manipulés, puis reniés une fois son objectif atteint.
« Le méchant fait toujours une ouverture qui le trompe », lâche un manifestant. « Il a semé la mort, aujourd’hui, il récolte le rejet. »
La justice populaire réclame réparation
Ce 20 mars 2025, Me André Michel a échappé de peu à un “bwakalé populaire” — cet acte de justice expéditive que la population réserve aux figures qu’elle estime coupables de haute trahison. Pour beaucoup, il ne s’agissait pas simplement d’un débordement de colère, mais d’un signal fort envoyé à toute la classe politique.
Le peuple n’a pas oublié. Il exige des comptes. Plus personne n’est intouchable.
Un retour de bâton inévitable
L’humiliation de Dajabón n’est pas un simple incident. C’est l’illustration d’un tournant dans la conscience collective haïtienne. Le temps des discours creux, des barricades symboliques et des promesses jamais tenues est terminé.
La rue a parlé. Elle a dit non à la trahison, non à la manipulation, non aux faux révolutionnaires devenus complices du système qu’ils prétendaient combattre.
Ce 20 mars, Me André Michel a compris ce que signifie être confronté à la vraie colère populaire — celle qui ne s’achète pas, ne se manipule pas, et ne pardonne pas la trahison.
Rédaction: Zantray News